Paru en 1998, ce livre-entretien de Roberto Di Cosmo et Dominique Nora a gardé toute sa force et son actualité au 21ème siècle, puisque l’emprise de Microsoft sur les utilisateurs d’ordinateurs (entreprises et particuliers) ne s’est jamais relâchée d’un pouce.
Ce livre est disponible gratuitement en téléchargement depuis 2006 (sous licence Creative Commons BY-NC-ND).
À propos de l’œuvre
« Cet ouvrage va à rebours de toute la mythologie véhiculée par le marketing génial de Microsoft. Il met en garde contre les dangers que nous fait courir ce Big Brother et contre les ambitions démesurées de Citizen Gates : le contrôle total sur toute forme de transmission et de traitement de l’information, aussi bien dans l’éducation que les transmissions bancaires, les vieux et les nouveaux médias, et jusque dans l’intimité de notre vie privée.
Quel mélange de crétinisme technologique et de servilité intellectuelle fallait-il pour laisser Bill Gates bâtir en toute impunité une position de monopole absolu, en détruisant bon nombre d’entreprises dont les produits étaient de qualité supérieure ?
Comment a-t-il pu amasser une telle fortune en vendant des logiciels médiocres sans obligation de résultats et sans crainte de poursuites, à un coût unitaire quasi-nul et à un prix public qui ne baisse jamais ?
Comment est-il parvenu à piéger les consommateurs en kidnappant leurs [données] dans un format propriétaire en constante remise en cause, qui les oblige à acheter [régulièrement] une mise à jour de toutes leurs applications pour pouvoir simplement continuer à lire leurs propres données ?
Comment a-t-il piégé les compétiteurs, en introduisant des variations arbitraires dans le seul but de ne pas permettre aux produits qu’ils développent de fonctionner correctement ?
Comment a-t-il usé de l’intimidation auprès des distributeurs et de l’intoxication auprès des médias pour se présenter comme le chevalier blanc de la démocratisation du savoir alors qu’il organisait méthodiquement la servitude de tous ?
Au moment [1998] où la France s’apprête, comme nombre de pays voisins (Microsoft a déjà acquis le contrôle total de l’informatique dans l’éducation suisse), à céder au chant des sirènes de Microsoft, alors que l’Amérique elle-même combat par tous les moyens légaux la boulimie de son ogre national, un tel cri d’alarme tombe à point nommé.
Il existe des alternatives technologiques viables à l’hégémonie de Microsoft : les défenseurs du logiciel libre, issus pour la plupart de la communauté scientifique, se regroupent en association pour plaider la cause de cette voie, qui permettrait à la fois de diminuer la dépendance européenne et de rapatrier en Europe les emplois que notre complaisance à l’égard de Microsoft financent aujourd’hui de l’autre côté de l’Atlantique. La France est en retard, plaident les esprits chagrins ? Justement, expliquent les auteurs, le retard français est notre meilleur atout : nous avons certes raté un train, mais c’est celui qui est en train de dérailler ! »
(source : https://www.dicosmo.org/HoldUp/)